Comment votre engagement bénévole a-t-il commencé ?
Au départ, j’avais juste une expérience dans un quartier de Roubaix où j’étais intervenue auprès d’un groupe de femmes pour les aider à organiser des vacances solidaires. Mon implication dans la solidarité internationale a plutôt commencé en 2006 alors que j’étais infirmière. On m’a proposé de partir pour des missions de soins. Je suis allée en Inde puis en Afrique. Mais je me suis vite sentie frustrée car l’intervention médicale apporte un réel soulagement aux populations mais la tache m’a parue immense et peu efficace dans la durée. J’avais envie d’agir pour un changement qui paraisse durable et contribue à une plus grande autonomie des personnes aidées.
Comment est née l'association Téranga Partage ?
C’est lors d’une mission au Sénégal que je me suis décidée à m’engager autrement. Les femmes d’un village m’avaient expliqué leur vie et leurs difficultés de fonctionnement centrée autour de la culture du riz. Elles m’avaient décrit leurs besoins d’autonomie et fait la liste de ce qui pourrait leur être utile. Je leur ai promis de revenir. J’ai créé Téranga Partage avec l’objectif de leur payer une décortiqueuse à riz et de financer des médicaments pour l'hopital de Bigona ainsi que la formation à une école d’infirmier pour un jeune du village. Il a donc d’abord fallu mobiliser en France les membres qui puissent constituer l’association. Puis nous avons mis du temps pour collecter les 4000 euros nécessaires au projet. Mais j’ai pu retourner à Colomba. Nous avons acheté et installé là-bas le matériel tant attendu. Il y a eu une grande fête ! En deux ans nous sommes très fiers d’avoir atteint nos objectifs. Nous avons aussi organisé une correspondance entre des classes d’enfants de primaire.
Que vous a apporté personnellement cet engagement bénévole ?
Il a énormément influencé ma vie personnelle. D’abord, j’ai appris à relativiser beaucoup de choses. Je ne consomme plus de la même façon car je fais attention à ne pas gaspiller et certains problèmes paraissent dérisoires ici. Je vais plus à l’essentiel. Là-bas, les gens ont toujours le sourire. J’ai été impressionnée par la cohésion sociale et la solidarité qui règne entre chacun dans ce village. Et puis j’ai fait beaucoup de belles rencontres qui ont aussi créé des prises de conscience importantes sur des questions d’équilibre écologiques et économiques du village, sur les enjeux liés notamment à la déforestation et le phénomène de salinisation de certaines zones de culture.
Comment peut-on aider Téranga Partage ?
Aujourd’hui le projet est d’acheter un concasseur à grain de palme et de développer la permaculture locale en formant les femmes et les enfants. Il est nécessaire de revaloriser les métiers de l’agriculture et de leur redonner confiance dans les ressources locales. Il y a beaucoup d’enthousiasme à continuer et il n’est pas forcément nécessaire d’être nombreux pour impulser de grands changements. Mais on se sent un peu seuls face à la diversité des savoir-faire dont nous avons besoin pour faire durer l’association, notamment en gestion, en recherche de fonds et en communication. Il faudrait aussi plus de gens qui puissent partir là-bas avec moi, dans le partage des mêmes valeurs. Il ne s’agit pas d’arriver en sauveurs avec nos grandes solutions ni de faire du tourisme original. Nous arrivons avec humilité à l’écoute et au service des gens dans le respect de la culture locale.
Pour vous, être bénévole c’est… ?
Donner du sens à sa vie.